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Sur La Route
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Épisode #18 -

Mathieu Tarnus, CEO de Sarbacane

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Bonjour tout le monde !

On est mardi.

Il est neuf heures.

On est en direct de ma voiture

et en live sur Facebook.

On tourne aujourd’hui

l’épisode numéro 18 de « Sur La Route ».

Je m’appelle Nicolas Quilliet

et mon invité ce matin,

c’est Mathieu Tarnus.

Mathieu Tarnus, c’est le CEO de Sarbacane.

Avec lui,

on va discuter de plusieurs choses.

Il va nous raconter

comment il a créé sa première société,

très jeune, à 21 ans,

pendant qu’il était encore étudiant.

Il va nous dire

si c’était bien ou pas bien

de créer sa boîte

étant étudiant.

Ensuite, il va nous parler

de son aventure Sarbacane,

notamment, avec son père.

Et on va discuter

de la problématique

et de la thématique d’entreprendre en famille,

puisqu’il a vu son père tous les jours quasiment.

Qu’est ce que cela fait de travailler en famille ?

Et enfin,

on va échanger avec lui

sur la thématique de la transmission de l’entreprise,

puisqu’il y a quelques années,

il a repris la société Sarbacane.

Il a dû faire un choix,

donc justement de reprendre ou de ne pas reprendre.

Donc, il l’a reprise.

Et il va nous expliquer les impacts

qu’a eu ce choix dans sa vie

et ce que cela implique

de reprendre l’entreprise de son père.

En fin d’émission,

on aura les questions à l’invité

et on accueille tout de suite

Mathieu Tarnus.

(Générique)

Salut, Mathieu !

Salut, Nicolas !

Comment vas-tu ?

Mais très bien, et toi ?

Ça va très bien !

On est parti « Sur la route ».

Alors, pour celles et ceux

qui ne te connaissent pas, Mathieu,

est-ce que tu peux te présenter ?

Bien sûr ! Mathieu Tarnus.

J’ai donc 37 ans,

je suis marié

et j’ai deux enfants.

Et je suis le CEO et cofondateur

de Sarbacane Software.

Editeur de logiciel dans le domaine du marketing

pour les TPE et PME.

Du marketing alors.

On connait Sarbacane,

je parlais de manière plus large,

par l’envoi d’Emailing, c’est cela ?

Oui, j’ai changé mon langage depuis peu.

Maintenant, je dis marketing au global,

parce qu’on ne fait pas que de l’Emailing chez Sarbacane.

On l’a fait longtemps,

un logiciel Emailing.

Sarbacane est beaucoup plus connu

pour son logiciel

que l’entreprise.

Oui, je crois que tout le monde

à un moment, qui a fait de l’email

a installé le logiciel sur son ordinateur

pour envoyer quelques emails.

La première version date de 2001.

- Donc c’est clair qu’on a été parmi les meilleurs. - 2001 ?

- Oui ! Effectivement ! - Parmi les pionniers des logiciels Emailing.

Et depuis maintenant quelques années,

on essaie de se diversifier.

On fait du SMS

et on essaie aussi de gérer un peu plus

la « data » des clients

en gérant les listes de contact, etc.

Donc, maintenant on dit qu’on est plus

un lecteur global du marketing,

que juste un acteur de l’Emailing.

OK, cela a été créé en 2001 ?

- Oui ! - Est-ce que tu peux nous dire quelques chiffres

aujourd’hui de ce qu’est Sarbacane ?

Alors Sarbacane,

on est 85 personnes.

D’accord !

Donc, on a réalisé un petit 10 millions cette année.

D’accord, presque 10 millions d’euros de chiffre d’affaires.

En croissance depuis le démarrage.

Donc, c’est plutôt une bonne chose.

Je n’ai jamais connu de décroissance.

Cela m’arrivera peut-être un jour.

Je ne te le souhaite pas.

J’ai frôlé la décroissance il y a quelques années,

mais heureusement, on avait créé une nouvelle activité

qui avait le vent en poupe.

C’est l’activité justement de service marketing

Primotexto.

- Primotexto ? - Voilà !

Qui existe toujours ?

Et qui existe toujours,

qu’on a fusionné maintenant avec Sarbacane

et qui sera intégré dans la nouvelle version de Sarbacane.

Puisque maintenant,

on va intégrer directement

le SMS et l’email.

On va faire du multicanal.

On pourra créer des campagnes

email et SMS

à l’intérieur du même logiciel.

OK ! Super !

Tu disais donc,

Sarbacane, cela date de 2001.

Ce n’est pas toi qui l’as créé ?

Absolument !

C’est ton père ?

C’est mon père.

Et toi en parallèle,

tu étais étudiant

et tu t’es dit :

« je vais quand même aussi créer une entreprise ».

Absolument !

Raconte un petit peu.

Qu’est-ce que tu faisais comme étude ?

Et quelle est la société que tu as créée,

donc à 21 ans ?

À 21 ans, j’étais étudiant

en école de commerce.

Laquelle ?

- L’ISEG. - L’ISEG à Lille ?

Oui, absolument !

D’accord !

Et tu sais,

je suis fils de chef d’entreprise

et petit-fils de chef d’entreprise.

- On a cela dans le sang. - Ah c’est de famille ?

Oui, c’est cela !

C’est vrai qu’avec mes invités, souvent,

on discute de la fibre entrepreneuriale.

Pourquoi à un moment,

on a décidé d’entreprendre ?

Il y a autant de raisons que d’entrepreneurs.

Toi, tu l’as vécu tous les jours

à la maison.

Moi, je l’ai connu

depuis que j’ai 2 ans.

D’accord !

Je tournais dans le salon

autour des ordinateurs de mon père.

Lui, il était ingénieur informaticien

et très, très tôt,

mon grand-père l’a poussé à créer son entreprise.

D’accord !

Et c’est aussi ce qu’avait envie de faire mon père.

Donc il a créé une entreprise

de logiciels informatiques.

À l’époque, c’était vraiment

les balbutiements de l’informatique.

Le PC arrivait en France.

C’était une petite révolution.

Tu parles d’une époque que les moins de 30 ans

- ne conaissaient pas ? - Non, non !

Même moi, je l’ai à peine connu,

mais je la raconte tout le temps

parce que c’est incroyable :

la souris,... PC.

Enfin, c’était une vraie révolution.

Et les ordinateurs avaient besoin

de logiciels pour tourner,

parce qu’à l’époque, on avait des systèmes

qui n’étaient pas très conviviaux,

et puis pas beaucoup de logiciels.

Et donc très vite, il s’est dit,

un peu comme Bill Gates à l’époque :

« le micro informatique va être partout,

à la fois à la maison

et dans les entreprises.

Et les gens vont avoir besoin de logiciels. »

Donc, il a commencé

à faire des logiciels comme cela.

Alors en 82,

c’était bien avant la sortie de Sarbacane.

Et il s’est passé plein de choses.

Il s’est passé plein de choses entre eux deux.

Mais mon père est toujours resté

accroché à son entreprise.

Cela n’a pas été une startup

qu’il a créé, revendue puis recréée ou autre chose.

Il a créé vraiment

une société qui a perduré

pendant 35 ans.

Ce qui est assez rare dans l’industrie informatique.

Et voilà, il s’est passé plein de choses

entre 1982 et 2001.

Mais 2001, lui,

enfin 2000, il développe Sarbacane.

Je dis : il développe. C’est important,

- parce que c’est vraiment lui qui a fait la promotion. - C’est lui

- à la maison qui a développé. - Oui, comme beaucoup de... pas la maison.

Mais ce n’était plus à la maison à ce moment-là.

Mais comme beaucoup de logiciels

qui ont eu un peu de succès chez GOTO,

il était à l’origine

vraiment des développements.

Donc, il a développé Sarbacane

et il m’en parlait tous les soirs.

Moi, j’étais à peine étudiant.

Alors ce qui était bien,

c’est que je commençais à apprendre le marketing, etc.

Et je trouvais cela super intéressant

qu’il me parle de ce métier-là.

Oui, c’était du concret, quoi ?

Je voyais enfin ce que faisait...

le concret de ce que pouvait faire mon père,

parce que jusque là,

je voyais qu’il faisait de l’informatique.

Comme jeune,

je n’étais pas forcément passionné

par ce que fait son père.

Surtout que pour moi,

il n’était pas beaucoup présent à la maison.

Il était souvent au bureau.

Et là, pendant mes études,

on a commencé à pas mal discuter

et très vite, il m’a dit :

« Écoute Mathieu,

il faut que tu crées ton entreprise aussi. »

Lui, il venait

de créer pas mal de sociétés

de chez GOTO en même temps que Sarbacane.

Il vivait un petit peu la bulle internet

comme tout le monde a vécu.

On était encore en 2000.

2000, c’est cela ?

Tout début 2001.

Et il me dit :

« Mathieu, crée ton entreprise,

parce qu’il y a des choses à faire

dans le domaine de l’email marketing. »

C’est super,

parce que c’est un domaine

que je commençais à découvrir avec l’école

et c’est quelque chose qui me passionnait.

Donc, ce que j’ai fait d’abord chez Datalist,

la société que j’ai créée en 2001,

Donc, en 2001, tu as créé Datalist ?

Oui, voilà !

J’ai commencé à constituer

des fichiers professionnels et spécialisés.

Des fichiers email ?

Voilà !

- Mais cela a duré quelques mois à peine. - D’accord !

Très vite, je me suis dit :

« Il y a une activité bien plus intéressante »

et tu la connais bien.

C’est celle d’agence

et de créer des campagnes Emailing

- Créer du contenu. - de A à Z.

Du contenu,

pouvoir répondre à des problématiques de fichiers

d’acquisition, de tout cela.

Et surtout, de gestion de campagne marketing.

D’accord. Ici, on parle de cela en 2001.

- 2001. - 2001, 2002. D’accord !

Et le deal,

c’était qu’avec mon père,

Sarbacane drainait pas mal de clients,

mais les clients étaient assez vite...

Ils installaient le logiciel, mais ils ne savaient pas trop...

Et donc, j’ai développé à la fois

du service et aussi des briques logiciels

autour de Sarbacane,

puisque forcément, j’utilisais Sarbacane pour mes envois.

Mais j’ai développé une brique de « tracking »,

puisqu’il n’y avait pas de « tracking »

dans le Sarbacane à l’époque.

Et j’ai aussi développé ma propre plateforme de routage,

puisqu’à l’époque,

Sarbacane nécessitait son propre serveur d’envoi

pour envoyer les mails.

Et tu faisais cela tout seul

ou tu as embauché des gens ?

J’ai embauché une personne,

on était deux.

Vous étiez deux, d’accord.

François-Xavier que je salue au passage.

On a été deux

et j’étais comme cela jusqu’à la fin de mes études.

Et quand j’ai eu mon diplôme,

je me suis longtemps posé la question

de savoir si je continuais,

si je continuais à développer Datalist

ou si je trouvais du boulot.

Et finalement, j’ai opté pour la seconde solution

tout en continuant Datalist,

puisque cela me faisait un peu vivre.

François-Xavier est parti.

Et au fil des...

Donc là, tu as rejoint directement

- GOTO ou Sarbacane ? - Eh oui ! Et finalement,

j’ai fait pas mal d’entretiens,

mais j’en ai fait un aussi

avec mon père et son associé de l’époque.

Et cela a « matché ».

Et cela a « matché », exactement !

Ils avaient une vraie problématique à l’époque

qui était toute la partie e-commerce.

Cela peut paraître paradoxal,

puisqu’on a été les premiers à vendre en ligne

chez GOTO.

Mais on avait un chiffre d’affaires

e-commerce. Ce que j’appelle e-commerce,

c’est la vente de logiciel sur le site

qui était en décroissance.

D'accord ! En décroissance.

Pour un logiciel, oui c’est dommage.

On ne faisait pas que Sarbacane.

On vendait plusieurs logiciels sur le site à l’époque.

On faisait vraiment plein de choses.

Et où j’en étais ?

Tu faisais plein de choses sur Sarbacane.

Pas sur Sarbacane, chez GOTO.

Et effectivement, on était dans un creux,

puisque quand je suis arrivé chez GOTO,

on était en 2004. -

D’accord !

Et on n’avait pas encore réussi

à faire la culbute,

à développer les activités,

notamment Sarbacane et d’autres.

Pour compenser un métier

qui était très important chez GOTO,

qui était le minitel.

- Ah oui, à l’époque ! - On a fait beaucoup de choses

Voilà. On a fait beaucoup de choses

pour émuler du minitel sur ordinateur.

Timtel pour apporter du minitel

en réseau et en entreprise.

- C’était une très grosse activité. - Timtel, c’est le logiciel qui a été édité par...

C’est GOTO.

Je crois que tous les plus de 30 ans

qui se sont amusés un peu avec Internet...

On connait Timtel.

À l’époque, on connait Timtel !

Absolument !

Du coup, cela a été très dur

de compenser cette décroissance

de ce métier

qui était le Minitel

remplacé par Internet,

par de nouvelles activités.

Et 2004,

c’était vraiment le point mort

- Toi, tu arrivés en 2004-2005 dans ce climat ? - dans ce climat.

En continuant donc l’entreprise

que tu avais créé en 2001 ?

Oui, j’ai continué avec quelques clients,

mais je l’ai mis en sommeil au bout de quelques années.

Et là, avec un collaborateur,

un partenaire avec qui

tu as travaillé.

Déjà, d’un seul coup,

tu changes de dimension.

Tu rentres dans une entreprise

qui est structurée.

Et tu vas bosser avec ton père.

- Oui, j’ai bossé avec mon père. - Là tu travailles en famille.

Donc, travailler en famille,

c’est un peu comme travailler en couple.

Il y a une multitude d’expériences

positives et complexes

autour de cela.

Comment tu l’as vécu, toi ?

Moi, je l’ai très bien vécu.

Tu as très bien vécu ?

J’ai très bien vécu.

Je pense que mon père l’a bien vécu aussi.

Je dis : je pense,

mais j’en suis même certain.

Pourquoi ?

Parce que dans les discussions,

on sait que les choses,

on se l’est dit non pas par intérêt personnel

mais on se l’est dit pour le projet,

pour le business.

On se dit des choses franchement.

Ce n’est pas toujours drôle.

On se met un peu ... sur la figure de temps en temps,

mais on se pétait.

Mais cela s’est toujours très bien passé.

Et puis autre chose,

un point essentiel,

c’est que moi, je connaissais bien mon père forcément.

Mais je ne connaissais pas tout son univers professionnel

et j’ai vraiment appris

à connaître toute cette partie-là,

cette facette de mon père

que je ne connaissais pas avant.

D’accord !

Et c’était super riche.

Donc à la maison,

tu avais le côté famille.

Et puis au boulot, le côté professionnel.

Et il t’a fait découvrir

tout un cercle de...

son cercle de business.

En fait, je ne m’y intéressais pas beaucoup avant

quand j’étais au lycée

et tout jeune étudiant.

Mais je voyais mon père rentrer avec son acolyte

associé de l’époque.

Il venait manger à la maison.

Ils parlaient boulot toute la soirée.

J’entendais cela,

ma mère aussi d’ailleurs en avait marre.

Cela parlait boulot tout le temps.

Voilà ! Et j’ai compris cela

quand vraiment, j’ai créé ma boîte,

parce qu’on a beaucoup, du coup, échangé tous les soirs

et c’est ma mère qui a subi

encore cela une fois de plus.

D’un seul coup, tu t’es retrouvé

sur les mêmes problématiques que lui.

Oui, du coup, on parlait tout le temps

et c’était hyper riche.

Non, j’ai vraiment développé une complicité supplémentaire

que je n’avais pas avec mon père

avant de créer Datalist

et avant que je ne le rejoigne chez GOTO.

Donc, même une complicité que tu n’aurais peut-être pas eue

si vous n’avez pas travaillé ensemble.

Sans doute !

Et rien que pour cela,

je suis content de l’avoir fait.

Oui, donc c’est une vraie belle expérience

qui a duré combien de temps ?

Qui a duré...

On a bossé ensemble jusqu’en 2013.

Jusqu’en 2013 ?

Tu es rentré en 2004,

donc neuf ans, c’est cela ?

Je suis rentré fin 2003,

début 2004.

Quasiment 10 ans.

Pendant 10 ans, tous les jours.

Tous les jours.

Tu n’es pas resté à la maison aussi

tout le temps ?

- Tu étais parti à un moment ? - Non, non. Je suis parti

2004 aussi.

2004 aussi ? Quasiment. En même temps, d’accord !

Je suis quand même resté longtemps à la maison.

Mais non, je suis parti en 2002

et j’ai commencé à bosser

avec une situation stable.

Datalist ne me permettait pas

d’avoir une situation...

permettant de prendre un appartement.

Mais dès que j’ai commencé à bosser,

j’ai pris un appart.

Non, par contre on se voyait toujours effectivement.

D’accord !

Et puis on déjeunait tous les midis ensemble.

On continuait de parler boulot le week-end.

Je bossais avec lui puisque bon,

je le disais tout à l’heure,

en 2004, on n’était pas bien.

Il se trouve qu’à l’époque,

j’étais célibataire.

Cela tombait bien.

- Oui, tu avais du temps. - On était tous les week-ends

au boulot.

Oui, j’ai bossé sept jours sur sept

pendant plusieurs années.

D’accord !

Donc, toute la semaine, plus le week-end.

Oui, parce qu’on était une toute petite équipe.

On s’était vraiment reconcentré

sur l’essentiel.

Les gens les plus importants de la boîte.

On était 25,

alors qu’à la belle époque,

en 2001 chez GOTO,

on était un groupe de, je pense, 70 personnes.

D’accord ! Ah oui ?

Donc, il y a eu une réduction d’effectif

des sociétés qu’on a arrêtées.

Et du coup, on s’est retrouvés

avec peu de monde

et donc plein de choses à faire par soi-même.

Et cela a été très riche.

Comment on gère les...

Tu disais effectivement,

dès fois, cela se passait très bien.

Dès fois, il y avait des engueulades ...

Mais comment on gère ces engueulades le lendemain

quand il faut retourner bosser ?

Je ne pense pas qu’il y ait eu beaucoup d’engueulades.

Non, vraiment.

Je me souviens quand même de quelques moments

où tu rentres chez toi, tu dis :

« Merde, pourquoi on s’est engueulé comme cela ?

Et pourquoi on ne s’est pas dit

des choses ?

Pourquoi on ne s’est pas réconciliés avant de partir ? »

Du coup, tu dors mal.

Et le lendemain,

Tu en parles.

on en parle et puis

on s’est toujours rendu compte

que c’était pareil pour l’autre.

Et on disait : « Mais c’est dommage.

Voilà pourquoi je t’ai dit cela ».

Moi, je disais :

« Voilà pourquoi je t’ai dit cela ».

Et puis il y avait une grande confiance

réciproque.

C’est-à-dire que très tôt,

mon père a compris

ce que je pouvais apporter à GOTO

et à Sarbacane.

Et il m’a fait confiance sur plein de domaines

pour se concentrer sur d’autres, de son côté.

D’accord !

Et moi, je pouvais faire confiance aussi

en sa compétence technique

et sa compétence management

et son côté visionnaire,

parce que vraiment,

s’il y a quelque chose qui caractérise Thierry,

c’est son caractère visionnaire.

Il a fait plein de choses.

Je ne l’ai pas dit non plus,

mais il a été créateur de Nordnet.

De Nordnet, oui !

En 1995.

Toujours du nord, un peu connecté à lui aussi.

Et Marc qui a perduré ensuite

Oui !

Malgrés le rachat par le groupe France Telecom.

France Telecom à l’époque, orange aujourd’hui.

Donc, c’est un vrai succès.

Il a fait pas mal de choses comme cela,

qui prouvent que

voilà, il avait un peu de vision.

Oui !

Il a toujours respécté aussi ses grandes valeurs.

Tu parles de lui au passé,

parce qu’il a disparu il y a quelques années.

Oui, en 2013.

En 2013. Et tu as repris donc l’entreprise.

Moi, j’avais... On avait ce projet-là

On avait ce projet.

Quand je suis rentré chez GOTO,

très vite, Sarbacane,

c’était mon petit bébé.

J’ai fait la version deux

qui incluait tous les services

que j’avais pu développé chez Datalist.

Donc, le tracking, etc.

Tu as intégré ces fonctionnalités.

Après, on a développé.

On a fait une version trois.

Puis une version quatre.

La version quatre, je l’ai fait après 2013.

D’accord !

Mais la boîte s’est beaucoup développée

comme d’autres activités

qu’on avait à côté chez GOTO.

Si bien qu’à un moment donné,

on s’est dit :

« On va créer des filiales. »

Parce que chaque équipe était très spécifique

à des produits.

Ce qui n’était pas le cas avant.

Avant, les mêmes personnes

travaillaient sur différents projets.

Dernièrement,

avant que GOTO soit un petit peu « dessimlocké »,

séparé en plusieurs activités.

On avait une activité

qui était l’antispam.

Oui, Vade Retro.

une activité d’Emailing

qui s’appelait Sarbacane

et une activité de jeux de bridge

qui s’appelait GOTO Games.

Enfin, une bridge pour la marque.

Enfin pour ceux qui connaissent, aux gens plus âgés.

Et donc, ces trois activités

se sont vraiment beaucoup développées

entre 2004, 2005

et 2012, on va dire.

Et même avant.

Et 2008, on décide

de créer des filiales

pour vraiment mettre les personnes

au sein de chaque équipe,

chaque projet.

On avait encore un management transversal.

Certes, j’étais directeur marketing

de l’ensemble des branches.

D’accord !

Tout comme le directeur commercial,

tout comme le directeur technique.

Et à partir de 2010,

Tu t’es concentré sur...

on décide de vraiment créer

un management propre à chaque activité.

Et je prends naturellement

la direction de Sarbacane,

puisque c’était mon petit bébé.

Et je quitte la direction marketing

de Vade Retro

et de GOTO Games.

D’accord !

Et je continue à développer Sarbacane.

Et très vite, avec mon père,

on s’est dit que

si on devait un jour céder,

parce qu’il n’avait pas l’intention de...

Il n’avait pas construit cette entreprise

pour la transmettre.

Ce n’était pas son truc.

La transmettre ?

La transmettre à...

- À toi ou à d’autres. - À moi.

Ce n’était pas prévu.

Et puis de m’imposer,

et de le transmettre à mon fils derrière.

Non, ce n’est pas trop son truc.

Lui, il l’avait créé,

même si cela a duré longtemps pour lui,

il y avait une fin à GOTO.

Donc, la question de la transmission

qui s’est posée un moment,

elle a été compliquée ?

Elle a été compliquée parce que

c’était soit on vendait,

soit je reprenais.

Et il n’était pas question

de me faire un cadeau.

Donc, il a fallu que je réfléchisse longtemps

à l’intérêt de reprendre

avec tous les risques que cela comporte.

Parce que tu t’endettes

lourdement.

Voilà, tu t’endettes pour de nombreuses années.

Pourquoi tu t’endettes,

parce que tu dois racheter tes parts ?

En fait, c’est cela,

racheter des parts de ton père ?

Moi, je n’avais que 10 %

de GOTO Software.

Donc, j’avais indirectement 10 % de Sarbacane.

Il fallait que je rachète les 90 % restants.

Du coup, il faut sortir de l’argent.

- Parce que c’est toi qui voulais de l’argent. - Oui, c’est cela ! Et je n’en avais pas.

Et tu n’en avais pas.

Donc, il faut s’endetter.

C’est le schéma assez classique

de ce qu’on appelle un LBO,

- de quelqu’un qui rachète une société. - LBO ?

« Leveraged Buy-Out. »

C’est un mécanisme

qui permet de racheter une société

logiquement rentable,

- Sarbacane était rentable -

par de l’endettement.

C’est ce que j’ai fait.

Donc, c’est ce que tu as décidé de faire,

mais tu me racontais en préparant l’émission,

cela n’a pas été une évidence,

il y a eu un temps de réflexion

quand même autour de cela ?

Non, parce que Sarbacane

est une boîte que j’ai quasiment créée

et développé depuis son départ.

Et quand tu reprends 10 ans après,

tu te poses la question, c’est vrai,

si tu te projettes encore sept ans de plus.

Est-ce que c’est ton chemin ?

Est-ce que c’est ce qu’il faut ?

Voilà. Est-ce que ce n’est pas le moment

d’aussi faire autre chose ?

Et puis j’ai pas mal réfléchi,

finalement pas trop longtemps.

Oui !

Et je me suis dit

qu’il y avait encore plein de choses à faire

avec cette entreprise,

que l’équipe était géniale.

Et que

contrairement à quelqu’un

qui rachète une boîte,

qui fait un LBO d’une boîte qu’il ne connaît pas,

moi, je faisais le LBO

d’une boîte que je connaissais très bien.

C’est rare quand même, le LBO interne

entre guillemets.

Cela s’appelle plutôt en fait

un « MBO ».

Un "Management Buy-Out".

D’accord !

Parce que le LBO, c’est souvent le concurrent

ou le confrère qui, à un moment...

Un entrepreneur qui a envie...

Qui ne connaît pas forcément.

Là, c’est de l’intérieur, tu connais.

Donc, c’était plus facile clairement pour moi,

de racheter Sarbacane,

parce que je savais où j’allais.

Tu étais le mieux placé.

Et puis aussi,

vraiment je te dis,

j’étais attaché à l’équipe que j’avais constituée

et je ne me voyais pas leur dire

du jour au lendemain :

« On a revendu »

et que je passe à autre chose.

Donc, tu as décidé...

Cela fait quatre ans maintenant.

- Quatre ans ? - Et cela se passe plutôt bien.

La boîte a bien grandi.

On s’est diversifié.

On est passé d’une trentaine de collaborateurs

en 2013

à 85. Je te le disais tout à l’heure.

Tout à fait !

Toi, tu as grandi aussi.

J’ai grandi aussi.

On s’est bien structuré dans l’entreprise.

J’ai un super comité de directeurs avec moi,

de managers.

Tu as mis en place ce qu’on appelle

- du « middle management », c’est cela ? - Exactement !

D’accord !

Et c’est ce qui est génial dans la vie d’un entrepreneur,

parce que si tu crées ta boîte,

tu fais cela pendant 15 ans,

mais c’est un peu le diagnostic

que je me suis fait.

Avec un peu de recul,

c’est qu’en fait, tu changes plein de fois de métier.

Tu as beau être toujours le patron de la même boîte, etc.

On pourrait penser que c’est lassant

et en fait, quand tu grandis,

quand tu as de la croissance,

ce qui est super,

c’est que tu changes de métier, oui.

Je faisais du marketing seul au départ.

Je faisais le site web.

Je faisais toutes les campagnes, etc.

Puis petit à petit,

j’ai eu des gens qui m’ont aidé,

qui faisaient cela mieux que moi.

Donc, je les ai laissé faire.

Et puis tu évolues

presque de carrière en carrière

dans ton entreprise.

Tu crées ta propre évolution de carrière.

C’est cela !

Alors lui, je ne sais plus...

C’est plus des questions de management

avec justement ces managers qui m’entourent

et de la stratégie.

D’accord ! Qui sont ton quotidien en fait ?

- C’est cela. - OK ! Super !

Merci, Mathieu ! On est arrivés.

Merci, Nicolas !

On est à la dernière rubrique de l’émission.

C’est la question à l’invité.

Donc, la semaine dernière,

il y a mon invitée Frédericque Grigolato,

la CEO de "Clic and Walk"

qui t’a posé une question

qui était,

donc je me fais son porte-parole :

« De quoi es-tu le plus fier ? »

Je t’invite à répondre à Fréderique,

face caméra, réponse courte et efficace

comme sa question.

Alors, Fréderique, forcément,

je pense comme beaucoup de personnes,

je suis très fier de mes enfants.

Mais s’il fallait se cantonner

à la sphère professionnelle,

je dirais

un peu ce que je disais à la fin de l’émission.

C’est-à-dire : fier de cette équipe,

de faire vivre 85 personnes,

faire évoluer 85 personnes

dans leur carrière.

Et cela, pour moi, c’est une très grande fierté.

- Et de responsabilité ? - Oui !

85 personnes, c’est...

Et j’espère que cela continuera à grandir.

Pour moi, l’humain est très important.

Super ! Merci pour ta réponse.

J’espère que cela lui satisfait.

Exactement !

À ton tour de poser une question.

Donc, mon invité suivant,

c’est Guillaume Spriet.

Spriet, je pense.

Il a toujours expliqué

qu’il fallait dire toutes les lettres d’un nom de famille.

Donc Guillaume Spriet,

le CEO de Drawer

qui vend des meubles en ligne.

Quelle question tu as à lui poser ?

Question à Guillaume.

Guillaume, déjà félicitations pour ton site,

parce que je suis allé voir.

Je ne connaissais pas

et il est super.

Et j’invite les gens qui regardent cette vidéo

à y aller.

- Cela a l’air vraiment bien - drawer.fr

pour équiper la maison

et pour équiper même aussi l’entreprise.

J’ai envie de te titiller

sur Amazon,

parce qu’en ce moment, on parle d’hégémonie Amazon.

On a connu Amazon.

Il ne vendait que des livres,

maintenant ils vendent de tout y compris des meubles.

Comment tu vis, toi, cette hégémonie

au quotidien ?

Est-ce que c’est une menace ?

Est-ce que c’est une opportunité ?

Je sais que tu travailles avec certaines marketplace.

Est-ce que tu peux nous dire un peu plus

comment tu vis l’essor d’Amazon ?

Super !

Merci à toi pour cet échange.

Merci, Nicolas !

Je te souhaite une très bonne journée.

Merci, à toi aussi !

Je te laisse sortir et à très bientôt !

À bientôt !

Merci, Mathieu !

Voilà ! C’était Mathieu Tarnus,

CEO de Sarbacane.

On a eu des sujets inédits

dans l’émission.

Notamment le dernier : la transmission.

C’est vrai que c’est un point particulier

qui peut être complexe.

Voilà, il nous a fait part de son expérience,

de comment il a géré cela,

ces trois dernières années.

Et puis surtout, au démarrage,

à 21 ans, créer sa boîte

quand on est étudiant.

C’est possible et c’est même conseillé,

puisque cela permet plein de choses

sans trop de risques

et cela permet

de trouver les bonnes idées

au bon moment.

Et puis on se rend compte ensuite

que travailler en famille,

ce n’est pas aussi compliqué que cela.

Ce n’est pas un sacerdoce forcément.

Et pour Mathieu,

cela s’est extrêmement bien passé.

Voilà son retour d’expérience d’entrepreneur.

J’espère que cela vous a intéressé.

La semaine prochaine, je te le disais :

Mathieu Tarnus...

c’était notre invité d’aujourd’hui.

Guillaume Spriet.

Le CEO de Drawer. drawer.fr,

magasin en ligne aujourd’hui.

Il va nous expliquer effectivement, je pense,

c’est une très bonne question : Amazon.

Comment on fait aujourd’hui

quand on est un e-commerçant

basé à Lille, à EuraTechnologie

pour concurrencer Amazon,

à être en frontal face à ces mastodontes

de l’e-commerce ?

Il va nous raconter tout cela la semaine prochaine.

D’ici là,

entreprenez, bougez-vous,

passez une excellente journée,

une excellente semaine

et on se retrouve mardi prochain

à neuf heures sur le Facebook de « Sur La Route ».