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Épisode #28 -

Axel Allétru, athlète de haut niveau et coach

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Bonjour tout le monde !

On est mardi, il est 9 heures.

On est en direct de ma voiture et en live sur Facebook.

Je m'appelle Nicolas QUILLIET.

Et on tourne l'épisode numéro 28 de #SurLaRoute.

Mon invité ce matin ; un invité exceptionnel,

en plein pendant les Jeux olympiques.

Je vais recevoir un sportif de très haut niveau : Axel ALLÉTRU.

Alors, Axel ALLÉTRU, il va nous parler de son chemin

de champion de très haut niveau.

On parle de champion de France, champion du monde,

et médaillé d'or aux Jeux olympiques.

Voilà ! Donc, d'un très haut niveau.

Ça va être extrêmement intéressant.

Il va aussi nous expliquer en toute transparence son accident.

Puisqu’aujourd'hui, il est athlète, mais athlète handisport.

Handicapé.

J'ai la chance de le recevoir dans ma voiture.

Il fait un effort et je lui en remercie.

Donc, il va nous parler de sa résilience suite à cet accident.

Comment il a réussi à rebondir ?

Puisqu'il s'est fixé d'autres objectifs encore plus fous.

Pour aujourd'hui, enfin, discuter de ce qu'il fait,

de son métier de conférencier et de coach.

Voilà, il va nous parler un petit peu de sa vie d'aujourd'hui

à même pas 30 ans et de l'intégralité de son expérience

où il a vécu quasiment plusieurs vies avant 30 ans.

On reçoit tout de suite ensemble Axel ALLÉTRU.

Salut Axel!

Salut!

Comment vas-tu?

Très bien.

C'est parti! On y va.

Merci d'avoir accepté mon invitation.

Il fait meilleur à l'intérieur.

C'est vrai.

C'est le Nord.

Allez, c'est parti ! On y va : #SurLaRoute numéro 28.

Axel, peux-tu te présenter très rapidement

pour celles et ceux qui ne connaissent pas.

OK !

Donc, moi Axel ALLÉTRU.

Donc, je suis conférencier.

Je parcours la France

pour donner des conférences dans des entreprises,

sur des salons pour témoigner de mon parcours de vie.

Ton parcours de vie?

Effectivement, un parcours de vie qui est bien rempli

et assez impressionnant.

Quand on s'est rencontré, je pensais en savoir beaucoup sur toi.

En fait, non.

Je ne savais rien.

Tu m'as encore appris plein de choses.

Ton parcours de vie, explique-le un petit peu.

En gros, c'est quoi ton démarrage

dans ta carrière de sportif de haut niveau?

Alors, j'ai eu plusieurs vies.

Ma première avec le BMX.

Le BMX ?

J'ai fait du BMX quand j'étais très jeune

à peu près de cinq à dix ou onze ans.

Donc, à cinq ans tu étais déjà sur BMX.

En fait, j'étais toujours sur un vélo

qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige.

Oui.

Alors, mes parents, ils m'ont dit :

"Allez, tu veux faire du vélo ?

On va t'inscrire dans un club et on verra ce que ça donne. »

- Simple ou quoi ? - Voilà !

Et finalement, ça a donné que je suis devenu

trois fois champion d'Europe et trois fois champion du monde.

Trois fois champion d'Europe et trois fois champion du monde.

Tu avais quel âge ?

J'avais entre cinq et dix ans à peu près.

Cinq à dix ans.

Parce qu'une année, j'étais champion du monde.

L'année d'après, j'ai loupé.

Voilà !

- Tu dis que tu avais entre cinq et dix ans ! Mais c'est fou. - Voilà.

Mais en tout cas, ils avaient bien vu.

Donc, entre cinq et dix ans, nous, normalement,

on est à notre petite table d'école

-à apprendre les règles de maths. -Moi, je m'entraînais tous les jours.

Je me souviens. Je rentrais après l'école même le midi.

De midi à deux, je montais dessus. Je mangeais, mais en deux minutes.

Puis, après, j'allais faire du vélo.

Le soir, je rentrais, je faisais du vélo.

J'étais toujours sur un vélo.

- Impressionnant. - Oui.

Donc, ensuite...

Donc le BMX, c'était bien, mais ça n'allait pas assez vite ?

Oui, c'est vrai. On peut dire ça.

Après, je me suis dit : "je vais passer à l'étape supérieure."

Mon père faisait un petit peu de moto.

Oui.

Et je me suis dit et je leur ai dit : "je veux faire de la moto."

Donc, là, on a commencé.

Ils m'ont acheté une petite moto.

Oui.

Et tout de suite, j'ai eu des bonnes aptitudes par rapport au vélo.

Donc, j'ai très vite progressé.

Et là pareil, je suis devenu champion de France.

Puis, champion d'Europe et champion du monde.

J'ai enchaîné les titres.

Après, je suis arrivé à un moment

dans ma carrière ou je me suis dit :

"est-ce que je me lance à fond dans la moto ?

Ou est-ce que je continue les études ?"

Oui.

Et là, j'ai fait le choix d'arrêter les études

pour vraiment participer au championnat du monde professionnel.

Championnat du monde professionnel. - En 2010.

- En moto-cross? - Voilà, c'est ça.

Impressionnant.

Donc, là, quand on dit champion du monde,

ça implique que tu as fait plein de pays avant.

- Que tu as fait plein de championnats. - Ça implique ...

J'étais parti presque toute l'année en déplacement.

J'ai fait le championnat d'Europe.

J'ai voyagé partout dans le monde.

À quel âge ça ?

De mes 12 jusqu'à 20 ans.

Tu as fait plusieurs fois le tour du monde ?

Plusieurs fois le tour du monde.

J'ai rencontré des gens extraordinaires

et des cultures complètement différentes.

Donc, ça a été une sorte d'école.

Et à cet âge-là, qui est-ce qui t’accompagnait ?

C’étaient tes parents qui t'accompagnaient partout, ou… ?

En fait, j'étais dans un team

Oui.

qui forcément m'accompagnait sur les compétitions.

Oui.

J'avais bien sûr des coéquipiers qui avaient le même âge que moi.

Oui.

On partait ensemble et en groupe

sur les compet’, sur les stages et sur les déplacements.

D'accord !

C'est comme les "Rockstars" en tour bus sur les routes de France, - C'est ça.

d'Europe et du monde. - On était...Oui.

On parcourait le monde.

On allait s'entraîner l'hiver, bien sûr au soleil.

parce que dans le Nord,

malheureusement, les conditions climatiques ne le permettent pas.

Oui.

Donc, des expériences vraiment inoubliables.

Oui. Tu m'étonnes.

Le tour du monde.

A même pas 15 ans, tu as déjà fait le tour du monde.

Tu as vu plein de pays.

- Voilà. - Puis tu champion de France, d'Europe.

C'est ça. Puis, on rencontrait des gens vraiment de toutes sortes de pays

et des cultures complètement différentes.

On est arrivés dans des endroits

où jamais, je n'aurais été dans ma vie.

Oui, c'est clair.

En Bulgarie, je me souviens qu'on a vu des choses de folie.

Donc, tout se passait bien.

Tout se passait bien et alors ?

Une première année donc chez les pros

et presque à la fin de saison

sur le grand prix de Lettonie.

C'est quoi un grand prix ?

- Alors, championnat du monde. - championnat du monde.

Le mondial a 15 épreuves

D'accord.

à peu près sur l'année.

Donc, là, on était à peu près à la onzième.

Et j'ai eu un...

Là, tu es en train de rouler sur un circuit de championnat du monde.

Tu es en Lettonie.

- Championnat du monde. - Je me sens bien.

Oui.

Je fais un bon départ.

Oui.

Je suis dans les huit [premiers] à peu près.

Ma première année, c'était très bien.

Oui.

Je me souviens encore.

Je passe devant les panneauteurs.

Mon mécanicien me dit :

"Ne lâche rien. Continue."

Le chrono, il est bon.

Voilà.

Et là, j'arrive sur une bosse.

Et je passe au-dessus de la moto.

- Tu décolles ? - Oui.

J'ai atterri en fait sur le bas du dos.

- Et là crack. - Aie.

Un grand crack dans le bas du dos. Putain.

Et là, plus de sensation dans jambes et plus rien.

Donc, là, la course, elle est finie.

Donc là, il n'y a pas que la course qui est terminée.

Nan, mais à ce moment-là, quoi !

Là, c'est...Voilà.

Je ne sens plus rien. Plus aucune sensation.

On m'évacue de la piste pour aller à l'ambulance.

Puis, après à l'hôpital de Riga.

Donc, là, je sais tout de suite que c'est très grave.

D'accord. Tout de suite, ils t'annoncent :

« Il y a un gros problème. »

Voilà, je leur dis que je ne sens plus mes jambes.

Je n'ai aucune sensibilité.

Voilà.

Je sais qu'il y a quelque chose de pas normal qui se passe.

Oui.

Même les autres voient que c’est grave.

En général, on se relève.

Oui.

C'est reparti. On est plus motivé.

Mais là, je ne bougeais vraiment rien.

C'était un moment assez compliqué.

Oui.

Donc là, tu pars à l'hôpital.

Puis en France, comment ça se passe ?

Je suis opéré en...

On m'opère en Lettonie, en urgence.

D'accord.

Donc, il faut savoir que la Lettonie,

c'est très cafard. Il y a un peu de retard par rapport

à chez nous au niveau médical.

Oui.

Donc, il y a eu... je me suis fait opérer quand même

dans des bonnes conditions, malgré tout.

Oui.

Mais des conditions difficiles après,

parce que j'étais aux soins intensifs seul.

D'accord.

Mes parents ne pouvaient pas venir me voir.

C'est la loi en Lettonie.

D'accord.

On était plusieurs dans une chambre.

Alors que normalement, en soins intensifs, on est tout seul.

Tout seul. D'accord.

Le chirurgien qui est venu me voir en tenue de civil.

Oui.

Dans la chambre.

Bonjour Monsieur.

Donc, je disais : "OK".

- C'est une bonne ambiance. - Est-ce que c'est normal ?

Après, je leur disais : "j'ai mal aux genoux."

Et il me disait : "on va regarder ce que tu as aux genoux."

À un moment, j'ai...

Il ne parlait pas bien anglais,

mais il voulait m'opérer je ne sais pas trop quoi.

Alors, que je n'avais rien du tout aux genoux.

Les infirmières qui ne parlaient pas du tout anglais...

- Je voulais juste de l'eau, tu vois. - Oui.

J'avais soif.

- Rien que ça, c’était compliqué. - Je disais : "water" en anglais.

Ils ne comprenaient pas.

Ils ne comprenaient pas. Putain.

J'étais tout seul et livré à moi-même, à 20 ans.

Paraplégique ; privé de mes jambes.

C'était vraiment très difficile.

Aïe. Tu m'étonnes.

Au bout du monde et pas chez moi.

Enfin, au bout du monde,

assez loin. - En tout cas, tout comme.

Ce n'était pas facile.

Surtout que mes parents ne pouvaient pas venir me voir.

Moi, j'étais tout seul.

Donc, ça a été un moment difficile.

Ensuite, on m'a rapatrié en France.

D'accord.

Ici, à Lille.

Oui.

Un petit moment compliqué dans l'avion aussi.

- Dans l'avion ? - Oui.

- Pourquoi ?

Parce qu'en fait, on a eu un problème pendant le vol.

L'avion est tombé en panne.

- C’est pas vrai ? - Oui.

Donc, là, ils ont dû faire un choix :

soit atterrir une nouvelle fois et me mettre dans un hôpital.

- Ou voler à basse altitude très lentement. - Non ?

Oui.

- Pour arriver jusqu'en France ? - Je te jure. Oui.

Donc, je me suis dit : "C'est pas possible."

« Je vais jamais arriver chez moi. »

Est-ce qu’il y a quelqu'un qui m'en veut ?

C'est dingue.

Et finalement...

En plus de ça, pendant le vol,

j'ai été accompagné du médecin d'"Europ Assistance",

Oui.

qui n’était vraiment pas sympa du tout.

Ça, je le fais remarquer,

parce que j'étais livré à moi-même encore tout seul.

Oui, tout seul.

Et le mec me demandait :

Ce que j'allais faire maintenant de ma vie ?

Oui. D'accord.

« Tu vois, tu n'as plus tes jambes. »

« Tu n'as plus de jambe, tu vas faire quoi ? »

« Qu'est-ce que tu vas faire ? Tu as arrêté l'école. »

« Et la moto... » - Il me dit et me regarde dans les yeux,

il me dit : "Et la moto, c'est terminé."

Putain ! Mais enfin...

À un moment, je l'attrape. Je lui dis : "Mais enfin ! Je ne veux plus te parler, à toi."

Un peu de pédagogie, ce serait bien.

Et là, tu vas rire.

La seule chose qu'il a trouvé de mieux à faire,

c'est d'aller dans le mini bar du jet.

Oui.

Et se bourrer la gueule pendant le reste du vol.

Merde !

Alors, c'est un truc que je trouvais...

Ça, tu t'en souviens.

- Ça marque ? - Honteux. Ça marque.

Oui. Ça marque.

Et heureusement, tout le monde n'a pas été comme ça autour de toi.

Voilà. Heureusement, déjà, j'arrive en France et un copain ambulancier m'accueille.

Donc, un bien fou de pouvoir l'avoir.

Oui.

Il me prend dans des bonnes conditions.

Il fait vraiment attention à moi.

Et donc, là, on s'en va au C.H.R.U de Lille.

D'accord. OK. Tu arrives au C.H.R.U de Lille.

Donc, C.H.R.U de Lille.

Tu es réopéré.

Il y a plusieurs étapes.

Moi, je demande en français : "Qu'est-ce que j'ai plus exactement ?"

Parce que je ne comprenais pas. Tu vois ?

Oui.

Parce qu'en Lettonie, on m'a dit :

« Tu n'as plus de jambes et basta. »

- Oui. - Enfin, il ne m'a pas dit plus.

- Les détails, on verra plus tard, je crois. - Voilà.

En France, j'arrive.

Est-ce que je vais remarcher ?

Et là, le médecin vient me voir en me disant que :

"ma moelle épinière, elle est très endommagée."

D'accord.

Que ça va être très compliqué.

J'ai eu un choc qui a brisé ma colonne vertébrale.

Pas entièrement, mais presque.

D'accord.

Et il me dit : "j'ai envie de vous réopérer une nouvelle fois

pour espérer une meilleure récupération."

D'accord.

Donc, là, j'accepte cette nouvelle opération.

Oui.

On m'envoie au bloc.

On me prépare.

Là aussi, je me souviendrai toujours.

Le père d'un ami d'enfance qui était anesthésiste était là.

Oui.

Un bien fou de pouvoir avoir quelqu'un en qui on a confiance.

- Qui était là. - C'est... Mais l'opération est très lourde.

Huit ou neuf heures sur le billard.

On peut faire parfois pire que mieux encore.

Oui, oui.

La moelle épinière...

Ça m'a permis de me rassurer cet échange avec lui.

C'était sympa.

Et finalement, on m'a posé des 12 vis.

D'accord.

Dans la colonne vertébrale.

D'accord.

Avec des plaques pour fixer et stabiliser au mieux ma colonne.

Donc, voilà.

Après, on me dit : "Voilà, opéré. L'opération s'est bien déroulée."

C'est déjà quelque chose d'important.

Oui.

Et on me dit que je vais aller dans une semaine en rééducation.

Mais à ce moment-là, moi,

je suis dans un état d'esprit de guerrier déjà.

Oui.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser,

je ne pense pas que la moto, tu vois, c’est terminé.

Je ne pense pas que finalement,...

je resterais peut-être en fauteuil roulant un jour.

Tu sais ce qu'on t'annonce quand même.

C'est fauteuil roulant.

Tu ne marches plus et tu arrêtes.

On me dit que je vais être paraplégique.

Il faut penser au fauteuil.

Et là, moi, je mets tout ça de côté.

Et je me dis, on verra bien.

Je vais...

Je repars d'un point qui est zéro finalement.

Enfin, à part les bras.

Mais pas de jambe.

Et je me dis : "tout ce que je vais pouvoir récupérer,

ça sera du bonus."

Et c'est de la façon dont j'ai fonctionné

-D'accord. -Pour qu'on puisse avancer en fait.

Déjà, le fait de rentrer en France,

c'était un soulagement.

Parce qu'en Lettonie, c'est des conditions très compliquées.

Oui.

Et en France, déjà, je me suis dit :

"c'est un soulagement."

Et aussi, tout ce qui s'est passé avant, c'est le pire.

Maintenant, tout va pouvoir s'améliorer.

Chaque jour, je ne peux aller que de l'avant.

Mais comment tu arrives ?

Parce que c'est facile.

Tu le dis là aujourd'hui avec sérénité et avec recul.

Mais sur le coup, quand tu es à l'hôpital

et qu'on te dit : "tu ne marcheras plus.

Il faut partir en rééducation."

"Il y en a pour plusieurs années."

Oui.

Tu arrives tout de suite à te mettre en mode guerrier ?

C'est-à-dire qu'à un moment, je suis là à l'hôpital.

J'attends...

Enfin, je souffre bien sûr avec les plaques et tout ça.

Oui.

Mais je me dis : "qu'est-ce que je fais ?"

J'attends sur mon lit de l'hôpital

à regarder la télé et à ne rien faire.

Oui.

Où je commence déjà à faire quelque chose pour pouvoir avancer ?

Donc, je me suis dit : "je vais commencer à travailler."

Tu es jeune.

Tu as quel âge à ce moment-là ?

-20 ans. -20 ans !

J'ai 20 ans.

Après, je me dis : "je pense qu'il faut commencer à..."

Je me suis donné l'objectif de remarcher.

D'accord.

Donc, ce n'est pas un petit objectif.

Non ! Tu t'es dit : "je veux remarcher."

Quand tout le monde te dit : "tu es en fauteuil roulant."

Je veux remarcher.

Je me suis dit : "ça va être compliqué."

Mais je me suis instauré un programme déjà depuis mon lit d'hôpital.

D'accord.

Là où en fait, j'ai eu mon accident, en Lettonie.

Je ne sentais plus mes jambes.

J'avais encore une mini-contraction dans la cuisse de gauche.

D'accord.

Vraiment très léger.

Mais je sentais bien quelque chose.

J'ai eu ma première opération en Lettonie.

Après ça, je ne sentais plus rien.

D'accord.

Et avec cette seconde opération en France,

après ça, je commençais à ressentir

une nouvelle fois cette petite sensation.

D'accord.

Donc, là, je me suis dit...

Tu travailles dessus.

Voilà. J'ai quelque chose. Je vais le bosser.

- Donc, je fais des séries de 10 ou de 15. - Putain. C'est fou.

Dans mon lit d'hôpital, je me souviens,

il y a la coupe du monde en Afrique du Sud.

Pendant le mi-temps là, je bossais comme un malade à chaque fois.

Oui.

Et voilà.

Donc, je suis vraiment dans un état d'esprit…

De guerrier ?

…où je ne pense pas à ce qui s'est passé avant.

- Tu te projettes ? - Je me projette sur l'avenir.

D'accord.

Tu te projettes sur l'avenir.

L'avenir après, c'est quoi ?

C'est deux ans de rééducation.

L'avenir, je ne le connais pas.

-Pour l'instant. -Bien sûr.

Mais mon avenir, je me dis :

"c'est de faire le maximum pour essayer

et pour retrouver le plus mobilité possible."

D'accord.

Donc, l'avenir finalement,

naturellement, on m'envoie en rééducation.

Rééducation à "L'Espoir", qui est à côté de Lille.

Oui.

J'ai fait le choix d'être à "L'Espoir"

parce que c'est à côté de chez moi.

C'est pratique.

Parce que là-bas, il y a plusieurs gros centres spécialisés.

En France, avec des centres spécialisés pour les sportifs de haut niveau.

D'accord.

Mais j'ai fait le choix de rester près de chez moi.

De là, une nouvelle fois, rencontre avec l'équipe médicale.

Oui.

Une nouvelle fois où je dis :

"docteur, est-ce que je vais remarcher ?"

Ça va être compliqué.

Et là, il me regarde.

Il me dit que ça va être très compliqué.

La moelle épinière qui est très endommagée,

mais qu’on va tout faire pour que je puisse récupérer au maximum.

Donc, là, on me présente ma kiné.

Oui.

On me présente le programme

et on me dit que dans trois jours,

je vais commencer la rééduc’.

Donc, là, moi qui ai hâte de commencer la rééduc’.

Qui n'attends que ça.

Je veux voir :

ce qu’on va bien pouvoir me trouver ?

Pour que je puisse me faire progresser.

Oui.

Donc, là, j'arrive pour mon premier jour de rééduc’

avec Gaelle qui est ma Kiné.

Oui.

J'arrive en fauteuil roulant. Bien sûr.

Déjà pour me mettre dans le fauteuil roulant, c'est compliqué.

Et rouler en fauteuil roulant droit dans un couloir,

ce n'était pas si facile.

Et elle m'a même dit :

"tu te mets sur la table de Kiné."

Je dis : "OK."

Là, elle me pose un gros problème

parce que je n'y arrive pas.

Rien que me transférer du fauteuil roulant à la table de kiné.

Du coup, elle m'explique la technique.

Elle me dit : "on enchaîne avec un deuxième exercice.

Tu vas te tenir assis sur la table avec le dossier."

Après, elle me dit : "je vais t'abaisser le dossier."

Oui.

Tu vois, à ce moment-là, je me dis :

"Attends-moi. Je ne suis pas là pour travailler assis.

Moi, je veux bosser, faire des contractions."

Je veux faire des choses qui sont...

Utiles ?

Utiles pour ma rééduc’.

Si c'est pour faire ça...

Et là, elle m'a abaissé le dossier.

Là, tu me crois ou non…

je suis tombé !

Tu es tombé ?

Je suis tombé.

Là-dessus, tu ne contrôles plus rien.

Tu imagines, c'est pour faire vraiment

rendre compte aux gens que je n'arrive même pas à tenir assis.

Oui.

Assis juste simple sur une table.

Là, je peux te dire que quand tu ne sais pas te tenir assis,

tu te dis "waouh." - Là, il y a du boulot.

Moi, je veux être debout.

Je veux remarcher.

On me met sur une table. Je ne sais pas tenir assis.

Ça va être... le parcours va être…

-C'est très compliqué. -…un peu plus long que prévu quand même.

-Je me permets juste d'avancer -Vas-y.

un peu parce que là, effectivement,

tu es parti.

C'est ce que tu m'as expliqué, pour deux ans de rééducation.

Oui.

Et pour ne pas faire de mystère,

au bout de deux ans, tu te tiens debout.

Tu as quasiment atteint ton objectif.

Alors, tu ne remarches pas,

tu es en béquilles ;

tu es en fauteuil encore aujourd'hui.

Oui.

Mais tu es actif.

Après deux ans de boulot, à fond la caisse.

Vraiment tous les jours, 24 heures sur 24 et tout ça.

C'était ton travail pendant deux ans.

Oui.

Il y en a qui se lèvent le matin,

ils vont au boulot. Toi, c'était ton travail.

Oui, mais plus encore qu'un travail.

Oui.

Pour moi, c'était une question de vie ou de mort.

Parce que je voulais remarcher au max.

Récupérer du moins au maximum.

Oui.

Je suis sorti finalement du centre de rééducation

en marchant difficilement.

Oui.

Donc, pour expliquer un petit peu aux gens,

j'ai récupéré une petite partie de mes muscles,

mais pas la totalité.

J'ai dû aussi adapter des atèles,

ce qui me permet de pouvoir me tenir debout.

Donc, j'ai des atèles qui me tiennent les pieds

et qui me permettent de pallier à mes muscles paralysés.

Mais tu dis ça de manière naturelle en expliquant.

Mais on rappelle juste que deux ans avant,

le diagnostic était radical.

Tu ne marcheras plus.

C'est ça.

À un moment, qu'est-ce qui dans ta tête

a fait que… Il y en a qui, à ce moment-là, se seraient effondrés

et auraient laissé tomber !

Oui.

Toi, non. Tu t'es battu.

Oui.

Tu t'es même lancé un défi fou,

pour en parler rapidement quand même.

Tu t'es dit : "le moto-cross, c'est bien.

C'est du sport de haut niveau, mais je ne peux plus en faire."

Plutôt que de revenir tranquillement chez toi,

tu t'es dit : "Non.

Je veux faire un autre sport de haut niveau."

J'avais deux options.

Soit je reprenais les études,

Oui.

puisque j'avais une vingtaine d'années,

Soit je me relançais dans le sport.

Le sport, c'était finalement toute ma vie.

Comme j'ai pu te dire : "le BMX et la moto depuis le plus jeune âge."

Et j’ai pensé :

"J'ai vu Oscar PISTORIUS à la télé,

qui avait fait les championnats avec les valides."

Je me dis : "C'est ça que je veux faire, les J.O."

Les J.O. ?

Je me suis lancé pour les jeux paralympiques de Rio 2016.

Tu t'es dit : "c'est ça que je veux faire, les J.O."

Voilà. Et ma nouvelle vie, ce sera ça.

-Il n'a plus de jambes. Il veut faire les J.O. -Participer aux jeux.

Voilà.

Tu es fou.

C'est dingue.

Donc, je me suis dit : "en natation."

Alors, pourquoi en natation ?

Parce que je voulais un sport où je pouvais m'entraîner quand je voulais.

Oui.

Au maximum.

Je n'étais pas du tout nageur.

Oui.

Finalement, j'ai décroché 12 titres.

12 titres ?

Champion de France et trois records de France.

Vice-champion d'Europe.

Et je me suis qualifié pour les jeux paralympiques de Rio.

C'est dingue.

C'est ... Quand on y repense, oui.

Oui, c’est dingue.

Quand je reviens en arrière,

mon accident, "Tiens, je vais me relancer pour les jeux."

Oui.

Ça, c'est fou.

Là, aujourd'hui, tu as quel âge ?

Je viens d'avoir 28 ans.

28 ans ?

Maintenant, cette phase-là aussi de sportif de haut niveau,

tu l'as atteinte.

Tu t'es fait sélectionner pour les Jeux Olympiques.

-Tu as atteint ton objectif. -Oui.

Et tu t'es dit :

"maintenant, je me lance aussi dans la transmission."

Parce que...

En fait, je recevais beaucoup de messages.

Comment j'ai réussi à rebondir après cet échec ?

De quelle manière ?

Parce que j'ai fait pas mal de vidéos sur YouTube

où je fais voir malgré le handicap

toutes les choses qu'on peut faire.

Oui.

Et je me suis dit...

Je mettrai les vidéos en commentaire.

Tu en mettras aussi.

Quelque chose d'impressionnant.

Il y en a une. J'explique vraiment

mon handicap, ce qui est assez intéressant.

Oui.

Et je me suis dit :

"je me lance parce que c'est important de pouvoir

moi, d'inspirer les gens, de transmettre

et de faire voir que malgré le handicap,

on peut faire beaucoup de choses.

Malheureusement, on stigmatise souvent le handicap.

Par exemple, une personne en fauteuil qui ne fait pas grand-chose.

Qui reste chez elle à regarder la télé.

Alors que pas du tout.

On peut faire tellement de choses, en s'adaptant, bien sûr.

Et c'est ça que je veux faire voir et démontrer aux valides,

- Aux valides ? - Mais aussi aux personnes qui ont un accident

et qui sont dans leur lit d'hôpital.

Qui se disent : "qu'est-ce que je peux faire de ma vie ?"

J'espère qu'en voyant mes vidéos

ou en les inspirant à travers mes conférences et tout ce que je fais,

ils se disent : "moi aussi, je peux faire ça."

Comme moi, j'ai vu Oscar PISTORIUS

qui gagnait les jeux, qui était une grande star et qui m'a inspiré.

Oui.

Pour me relancer dans la vie.

Qui t'a donné envie d'aller plus loin.

Oui, carrément.

Que ces gens puissent voir aussi

que toutes ces personnes puissent voir

que toi, malgré ces épreuves,

Voilà.

Tu t'es quand même sorti.

- Ça fait relativiser aussi sur nos petits problèmes de tous les jours. - Voilà.

C'est pour ça aussi que j'interviens en entreprise

pour démontrer aux valides

que quand on a toutes ses capacités,

on peut faire beaucoup de choses.

Oui, c'est clair.

Qu'il en soit, les gens ne se rendent pas forcément compte.

Oui.

Parfois, j'entends, quand je suis dans la rue

des gens qui se plaignent de petits problèmes.

J'ai envie de dire : "bon, moi, à côté..."

Voilà.

- Ça fait relativiser quand même. - Voilà.

Super ! Parfait !

Merci pour ton expérience et ton retour d'expérience impressionnant.

Merci à toi.

On est à la fin de l'émission.

À la fin de l'émission, c'est la rubrique habituelle de question de l'invité.

Donc, lors du dernier épisode,

mon invité, c'était Frédéric MOTTE.

Il t'a posé une question.

Il t'a demandé : "quel conseil, tu pourrais donner

justement à tous ceux qui ont un souci

qui sont en résilience et qui doivent rebondir ?"

Que ce soit à titre personnel ou dans l'entreprise.

Quand on est face à un problème,

est-ce que tu as un ou plusieurs conseils

pour aller plus loin et le dépasser ?

Tu peux lui répondre directement.

Alors moi, je dirais : accepter.

Déjà, il faut accepter l'échec.

D'accord.

L'accepter sans colère pour pouvoir continuer à avancer.

Puis, comme je le disais...Enfin, je dis : "à l'échec dans la vie,

quand on regarde, la vie est globalement.

C'est quoi ? C'est juste une étape.

Et ça peut même être une opportunité pour après.

Après moi, comment j'ai géré mon échec ?

Comme je l’ai dit, je me suis refixé un objectif

qui était assez haut.

Mais pour atteindre cet objectif,

- je me suis donné des petits paliers à chaque fois, - D'accord.

qui me donnait des petites victoires.

D'accord.

- Petit à petit ? - Et toutes ces petites victoires

me donnait envie de continuer à avancer.

Bien sûr, à atteindre mon objectif.

Après, moi, si je regarde en arrière,

bien sûr, je me dis : "Ce n'est pas vraiment un échec.

C'est un accident. C'est un traumatisme."

Mais voilà, il faut que regarder devant.

Si on regarde toujours en arrière,

l'échec, on peut toujours se le remémorer.

- Comment j'aurais pu faire ça ? - Oui

L'éviter et machin...Non !

Voilà, maintenant, on ne peut pas revenir en arrière.

On est en 2018 pour l'instant.

Donc, vous continuez à avancer.

Donc, il faut avancer, sur la route.

Et foncer #SurLaRoute exactement.

Je te remercie.

Voilà, accepter l'échec.

Oui.

- Et avancer sans colère. - Sans colère. Il a accepté sa colère

parce que si on l'accepte avec rancune,

ce n'est pas bon. Ça ne peut pas marcher.

C'est ce que tu as fait.

Tu l’as fait. Alors, ce n'est pas un échec comme tu dis.

Tu fais des échecs. Mais tu fais des problèmes des victoires en fait.

-Et en apprentissage, je dis... -C'est ça.

C'est ce qui m'a permis d'avoir...

De rebondir dans ma nouvelle vie.

Puis, aujourd'hui, je pense que c'est à mon tour

de pouvoir inspirer les gens,

d'intervenir pour pouvoir donner les clés

que parfois les gens n'ont pas forcément.

Les aider à pouvoir à se trouver ces petites clés

qui permettent d'atteindre ses objectifs

ou d’ absorber un échec quelconque dans sa vie.

Tout le monde a... Je ne connais personne qui a une vie parfaite.

- Sans problème. - Non !

On a tous des petits soucis.

Un petit souci et, chacun à son échelle évidemment.

Donc, voilà.

Super ! Écoute, c'est impressionnant.

Très bonne méthode.

- Merci. - Aller de l'avant.

C'est ça.

Mon prochain invité dans #SurLaRoute,

c'est Bastien DOGNIN.

Il est le fondateur d'une start-up qui s'appelle :

"Les paniers de Léa".

Qui est connu pour apporter, on va dire,

des fruits, des légumes et du bien-être en entreprise.

On parlera de ça avec lui la semaine prochaine.

Pas la semaine prochaine, mais lors du prochain épisode.

Est-ce que tu as une question à lui poser à Bastien ?

Alors moi, je n'aime pas du tout les légumes.

Alors s'il y a quelque chose en entreprise,

je vais me sentir un peu exclu.

Donc, comment je vais pouvoir participer ?

Comment je fais pour me sentir bien ?

Comment je fais pour me sentir bien ; avoir du bien-être sans fruit ?

Parce que je n'aime vraiment aucun fruit.

Tous les fruits. Pas de légumes. Les fruits ?

Les fruits. Oui.

Je vois que tu manges un peu de légumes quand même.

Oui.

C'est ta maman qui ne va pas être contente, je crois.

Oui.

Aucun fruit.

Écoute ! Il va nous répondre lors du prochain épisode.

Est-ce qu'il y a une autre méthode ?

Très bon.

Super ! Merci beaucoup.

Exceptionnellement, c'est la fin de l'émission,

je t'invite à rester avec moi dans la voiture pour conclure.

Pour t'éviter de sortir de la voiture.

Non ! C'est très bien comme ça.

On va faire comme ça.

Donc, juste tu peux conclure avec moi.

On a vu avec toi plein de choses passionnantes.

Ton parcours de champion.

Oui.

On a vu ta résilience.

Oui.

Impressionnante, du handicap aux Jeux olympiques.

C'est fou quand même.

Un parcours dingue.

Je te demandais la dernière fois,

quand on discutait en préparant l'émission,

qu'est ce qui fait la différence entre

le fait de quelqu'un qui abandonne et le fait que tu as réussi ?

Tu m'as répondu.

Moi, voilà. Il y en a qui ont envie de faire les choses.

Et moi, j'avais envie, mais vraiment envie.

C'est-à-dire que c'était une question comme je l'ai dit

- de vie ou de mort. - De vie ou de mort.

C'était : j'avais vraiment envie.

Clairement, c'est ça qui fait la différence.

Il y en a qui disent : "Moi, j'ai envie de changer

...J'ai envie de faire de choses au boulot"

Mais ils ne le font jamais.

Il y en a qui disent : " Moi, j'ai vraiment envie.

Je veux le faire."

Oui.

Et ça, c'est...

Je pense que ça résume bien la différence entre le succès et la réussite.

Dans le fait de progresser, c'est...

Ou on en a envie comme tout le monde en a envie.

Voilà.

Et toi, tu en as eu vraiment envie.

Voilà. Plus que tout.

Super ! Merci encore.

Donc, je te disais la semaine prochaine…

Mais pas la semaine prochaine.

Il n'y a pas d'émission,

mais au prochain épisode, dans deux semaines,

Mon invité, c'est Bastien DOGNIN.

Il est le fondateur de "Les paniers de Léa".

Et avec lui, on va discuter entrepreneuriat et start-up.

Et notamment du fait qu'il a dû complètement réinventer son entreprise

pour éviter de déposer le bilan tout simplement.

À un moment, il s'est retrouvé face au mur.

Son métier n'allait plus.

Et il a décidé de tout changer.

Il l’a fait deux fois ça pour...

Un, pour la sauver.

Et deux, pour la développer.

-Et là, je te coupe 10 secondes. -Vas-y, je t'en prie.

Par exemple, tu vois, là, il a été face à un mur.

Par exemple. Et du coup, il a vraiment dû avoir envie.

Exactement.

Et du coup, là, tu dois réagir.

On voit les points communs.

Quand on est vraiment face à un mur, on doit réagir.

Et là, il y a une envie qui devient différente.

Oui.

Une envie. Une obligation...

Une obligation, mais qui te donne plus envie

- Carrément. - du coup de rebondir.

Voilà.

J'espère que cet épisode vous a donné envie

de vous bouger, d'agir et de faire.

Je pense qu'avec ton témoignage,

on a vraiment envie de se bouger le cul,

quand on voit ce que tu as vécu.

J'espère.

J'invite les gens à aller voir ma chaîne YouTube.

On mettra plein de commentaires.

Pleins de liens dans les commentaires.

On mettra tout ce qu'il faut.

Et n'hésitez pas à lui poser des questions,

si vous souhaitez continuer la discussion avec Axel.

Très bonne semaine à vous.

Salut ! À mardi prochain à 9 heures.

Bye !

À bientôt.